La Banane

 

Les maladies bactériennes

Les maladies bactériennes

Du fait de leur mode de dissémination et de l’absence de variétés résistantes, les maladies bactériennes préoccupent de plus en plus les producteurs.
La maladie de Moko
Causée par Ralstonia solanacearum (biovar 1 race 2) ex Pseudomonas solanacearum
On distingue deux faciès  de symptômes  selon que la bactérie est disséminée par le sol ou la machette, ou bien par les insectes qui visitent les fleurs mâles ou leurs cicatrices après abscission. La colonisation bactérienne ascendante se traduit d’abord par la chlorose et le flétrissement des trois plus jeunes feuilles et le bananier meurt. Une section transversale du pseudo-tronc (ou de la souche) montre une coloration brun rougeâtre des faisceaux vasculaires. La présence d’un abondant exsudat bactérien est un argument supplémentaire pour le diagnostic de l’infection bactérienne. Si le plant contaminé porte un régime, la bactérie colonise  l’ensemble des tissus vasculaires du fruit via le rachis. L’accumulation d’éthylène peut produire un jaunissement prématuré du fruit et une section transversale des fruits montre sans doute possible un important brunissement. Lorsque la bactérie est transmise par la machette, après la coupe du pseudo-tronc, les rejets contaminés (ou baïonnettes) noircissent et rabougrissent en 2 à 4 semaines. Cette maladie, décrite pour la première fois à Trinidad en 1910, reste absente des petites et grandes Antilles, excepté à Trinidad et Grenade. En revanche, elle s’est rapidement répandue du bassin amazonien brésilien et de l’est du Pérou jusque vers le nord du Guatemala et le sud du Mexique. Elle couvre une aire géographique considérable. En 1968, la Mako a été introduite aux Philippines à partir de matériel végétal. Il n’existe pas de variétés résistantes ni de moyens de lutte chimique. Seul une éradication avec quarantaine peut donner des résultats.
Le flétrissement bactérien
Banana Xanthomonas Wit (BXW) Banana Bacterial Wit Diseas (BBW), causé par Xanthomonas campestris pv. Musacearum
Les symptômes s’observent surtout après le stade rejet à feuilles lancéolées, particulièrement à la floraison : décoloration et flétrissement des bractées florales, noircissement et racornissement du bourgeon mâle. Les feuilles jaunissent, flétrissent, noircissent, fanent et se cassent (y compris le faux tronc). On observe des rayures jaunes ou marron au niveau vasculaire sur l’ensemble de la plante et, sur une section à la base du faux tronc ou de la souche, une sécrétion jaune pâle bactérienne. Ce entraîne le flétrissement des régimes avec maturation prématurée et coloration interne brun rougeâtre des fruits. La plante meurt dans le mois de l’apparition de n’importe lequel de ces symptômes (un mois après l’infection). La transmission se fait par les insectes butineurs, le matériel végétal infecté (rejets, régimes, feuilles), les outils et les hommes, mais aussi par les animaux, l’eau de ruissellement, les éclaboussures d’eau de pluie et le vent.
Il n’y a pas de variétés résistantes. La lutte consiste à une mise en quarantaine de six mois, mais aussi à détruire et éliminer les plantes infectées et celles à proximité. La vacation des animaux est interdite. Ce flétrissement a été observé et décrit en Ethiopie sur Ensete vers 1968 (concerne l’alimentation de base de 12 millions de personnes), puis en Ouganda où il progresse depuis 2001 (75 km/an), l’Ouganda est le second producteur de banane avec 10,5 millions de tonnes (250 à 450 kg par habitant – production réduite de près de 40% en 2006. L’extension est rapide, atteignant le Congo en 2004, le Rwanda en 2005, le Burundi, la Tanzanie et le Kenya en 2006 ;
Les maladies virales
Depuis plusieurs années, les maladies à virus ont pris une extension grandissante sur bananier (banane dessert et bananes à cuire), due en grande partie aux facilités d’échanges et aux demandes de diversification. Il s’agit du bunchy top et des mosaïques dont les mosaïques en plage, en tirets et des bractées. Elles provoquent des pertes économiques variables, affectant tous les bananiers cultivés et aussi bien des grandes exportations que les plantations villageoises. Ces pertes peuvent atteindre 90%, voire 100%, de la production pour le bunchy top (dû au Banana bunchy top babuvirus, BBTV) 40 à 60 pour la mosaïque en tirets (due au Banana streak badnavirus, BSV) et plus de 40% pour la mosaïque des bractées (due au Banana bract mosaic potyvirus, BBrMV). La dissémination des virus se fait soit par vecteur à partir des foyers d’infection, soit par l’utilisation de matériel déjà contaminé –rejets ou plantes issues de cultures in vitro- soit, comme dans le cas particulier du BSV, à partir de bananiers dits « silencieux » possédant des séquences virales intégrées au génome de l’espèces Musa balbisiana, capable de restituer des particules virales à la suite de stress.
Le bunchy top (BBTV)
Les plantes présentent un aspect nanisant fortement marqué, avec une concentration des feuilles en haut du plant en forme de rosette. Les feuilles étroites, érigées et cassantes, présentent de fortes chloroses marginales. Le symptôme caractéristique,reste l’apparition de traits discontinus vers foncé le long du pseudo-tronc, de la nervure principale et des nervures secondaires. Lorsque le pied mère est atteint, tous les rejets sont infectés. Le vecteur le plus efficient en est le puceron Pentlonia nigronervosa, inféodé au bananier.
Les mosaïques
La mosaïque en plage due au Cucumber mosaic cucumovirus (CMV)
Les plants atteints présentent des plages de décoration chlorotique sur le limbe ainsi qu’une mosaïque de la nervure principale et du pseudo-tronc. Des infections secondaires de type bactérien peuvent apparaître Sous la forme de pourritures, de l’intérieur des gaines constituant le pseudo-tronc. Une large gamme de pucerons est capable de transmettre ce virus. Cette maladie peut également être transmise mécaniquement par les outils de taille.
La mosaïque en tirets (BSV)
Le limbe des feuilles présente des traits discontinus jaunes, évoluant rapidement en nécroses. La nervure principale reste indemne. Pour les formes sévères de la maladie, la cigare est nécrosé et le bananier meurt. Lorsque le pied mère est atteint, tous les rejets sont infectés. Cette maladie est transmise par cochenille –Planococcus citri,Saccharicoccus sacchari et Dysmicoccus brevipes. Ces dernières années, des infections dues au BSV et non liées à une contamination extérieure ont été décrites dans diverses zones à travers le monde. Elles correspondent à deux causes différentes : 1/des citroplants provenant de variétés hybrides interspécifiques saines de bananiers multipliés intensivement par culture in vitro et 2/ des descendances d’hybrides de bananiers issues de croisements interspécifiques entre géniteurs sains Musa acuminata (génome noté A) et Musa balbisiana (génome noté B). Différents stress abiotiques sont à l’origine de l’apparition de la maladie dans ces hybrides, cette dernière étant corrélée à la présence dans le génome du parent M. balbisiana de séquences virales endogènes du BSV qui contiennent toutes les informations nécessaires à la synthèse de virus infectieux.
La mosaïque des bractées BBrMV
Les premiers stades de l’infection apparaissent sous la forme de tirets vert-jaune évoluant en nécroses brun-rouge sur le limbe et la nervure des feuilles. Une mosaïque jaune ou des stries de décoloration blanchâtres se développent sur le pseudo-tronc selon les variétés atteintes. Le symptôme final est la mosaïque des bractées. Cette maladie est transmise à tous les rejets par pucerons (Ropalosiphum madiis, Myzus persicae.
Prévention et lutte
Le seul moyen actuel de lutte contre ces maladies à virus des bananiers passe par la lutte contre le vecteur et l’utilisation de matériel indemne. En effet, il n’existe pas de bananiers résistant naturellement à ces maladies, ni de moyens curatifs immédiats autres que l’éradication après une attaque virale. La conduite à tenir est principalement basée sur l’utilisation de matériels indemnes – rejets ou matériels issus de culture in vitro contrôlés vis-à-vis des viroses – et faible enherbement des plantations, lieux privilégiés de multiplication des populations de pucerons.