La Banane

 

Les nématodes

Les nématodes

Il existe de nombreuses espèces de nématodes parasitant les racines et les bulbes de bananier. Les nématodes à galles (Méloidogyne spp.) et les nématodes spiralés (Helicotylenchus spp.) sont répandus dans le monde entier, sur tous les types de culture. Toutefois, ceux qui provoquent le plus de dommages sont les nématodes migrateurs Pratylenchus spp. Et Radopholus similis. Cette dernière espèce est universellement répartie dans les zones les plus chaudes de culture de banane, tout particulièrement sur les plantations intensives où elle a été disséminée par les transferts de matériel végétal lors de l’extension de cette culture au cours des deux derniers siècles. Pratylenchus coffeae est également indigène et se trouve majoritairement sur les cultures de plantain. Pratylenchus goodeyi qui préfère les zones plus fraîches, étant originaire des hauts plateaux africains, s’est répandu dans certaines zones subtropicales, comme les Canaries.

Des ennemis souterrains
Les Pratylenchus et R. similis sont des endoparasites migrateurs, dont le cycle biologique complet se déroule en 20-25 jours dans les tissus des racines et des souches. Les formes juvéniles et les femelles restent toujours mobiles et peuvent quitter les racines dès que les conditions ne sont plus favorables. Ces formes migratrices peuvent alors coloniser de nouvelles racines. Au fur et à mesure de leur progression inter et intracellulaire, ces nématodes se nourrissent aux dépens du cytoplasme des cellules du parenchyme cortical, détruisant les parois cellulaires et provoquant la formation de tunnels évoluant en nécroses qui peuvent s’étendre à l’ensemble du cortex. Les nécroses des racines et souches sont accentuées par d’autres pathogènes (champignons et bactéries). En particulier, les champignons du genre Cylindrocladium sont fortement pathogène et susceptibles de causer des lésions semblables à celles provoquées par les nématodes. L’association de ces deux parasites cause des dommages très importants. La destruction des tissus souterraines entraîne une réduction de la nutrition hydrique et minérale qui se traduit par un ralentissement de la croissance et du développement des plants. Cela peut entraîner de sévères réductions du poids des régimes et accroître le laps de temps entre deux récoltes. De plus, la destruction des racines diminue l’ancrage des plants dans le sol, augmentant les risques de chute de plants, particulièrement lors des périodes cycloniques, avec un fort impact économique.

Prévention et lutte
Les méthodes de lutte sont encore largement dominées, en plantations intensives, par les applications de composés chimiques (organophosphorés et carbamates essentiellement) qui font peser des risques sanitaires et environnementaux importants. Pour cette raison et malgré leur bonne efficacité et leur grande facilité d’utilisation, leur usage va être de plus en plus restreint en faveur de mesures de lutte alternatives. Parmi celles-ci, les pratiques culturales améliorant la fertilité (travail du sol, irrigation, amendements organiques, etc.) permettent indirectement d’améliorer la tolérance des plants à la pression parasitaire. Des méthodes plus directes, telles que le recours aux jachères, l’implantation de bananiers issus de microprogagation in vitro, sont maintenant couramment pratiquées et permettent de réduire fortement les populations de nématodes (cf. Phytoma n°584, juillet-août 2005)
Ces méthodes sont largement utilisées par les producteurs de Martinique et Guadeloupe où elles ont contribué à une réduction de plus de 50% de l’utilisation des pesticides  au cours des dix dernières années.
Dans un futur plus ou moins proche, des interventions faisant appel aux antagonistes biologiques, aux symbiotes racinaires (mycorhizes) et surtout à la résistance génétique (par hybrida ou sélection clonale) pourront permettre la mise en place de stratégies de protection intégrée de plus en plus efficaces. Toutefois, il faut être conscient que la grande complexité des peuplements de nématodes rend délicate la mise au point de techniques plus ciblées. Pour être efficaces, elles devront être capables de prendre en compte la diversité des situations culturales et écologiques.