La maladie de Panama ou Fusariose (Fusarium Wilt en anglais) a été identifiée pour la première fois en 1874 en Australie. Elle se manifeste aujourd’hui dans presque toutes des zones tropicales et subtropicales de production de banane. Elle est due a un champignon du sol d’un genre très commun, Fusarium oxysporum sp. Cubense (ou FOC).
Différentes races ont été identifiées, chacune pouvant provoquer sous certaines conditions (type de sol, climat, intensification de la culture, drainage, etc.) des dégâts vasculaires importants sur différents groupes variétaux de bananiers, les rendant pratiquement improductifs.
La race1:
originaire d’Asie, s’est très largement répandue au travers des mouvements de matériel végétal sous forme de rejets, liés à l’installation des grandes zones de culture de banane d’exportation au début du 20ème siècle. Elle est à l’origine de la disparition progressive dans les années 1940 et 1950 de la production de la variété Gros Michel aux Caraïbes, en Amérique latine, base du commerce international d’alors la Gros Michel a été remplacée dans les plantations industrielles par un groupe variétal résistant découvert en Asie du Sud-Est. Les Cavendish, qui forment l’essentiel du commerce international actuel. Il est à noter que la variété Gros Michel est toujours la référence de consommation de banane dessert dans la grande majorité des pays producteurs africains et latino-américains et représente encore une importante production estimée à environ 6 millions de tonnes par an. Dans les zones où elle est cultivée de manière extensive et en association avec d’autres variétés et d’autres cultures (donc à faible densité). il apparaît que la race 1 n’est pas active. Des expériences menées en Colombe ont montré que dès qu’on intensifie la culture de la Gros Michel (densité supérieure à 1 000 plants/ha), la maladie de Panama prend de l’importance ;
La race 2:
affecte le sous-groupe des Bluggoes (ABB, banane à cuire) ;
La race 3:
affecte les Heliconia spp. Et parfois les Gros Michel
La race 4:
identifiée dès 1931 aux Canaries, atteint sporadiquement et toujours sous certaines conditions environnementales les variétés du groupe Cavendish et cela uniquement dans des zones susb-tropicales (Canaries, Afrique du Sud, Taiwan, Australie) où elle est relativement bien maîtrisée via des techniques culturales adaptées (zones tampon, jachère, etc.) ;
La race T4:
récemment décrite (1995), atteint aussi les variétés du groupe Cavendish, mais seulement dans quelques zones tropicales : Indonésie (Sumatra et Java) et Malaisie, etc.) ;
Tous les spécialistes s’accordent à dire que la principale cause de dissémination de la maladie est le mouvement de matériel végétal provenant de plantations sensibles et infectées (rejets et souches). A partir d’une zone infectée, la contamination provenant du sol est très lente.
Prévention et lutte
Comme pour de nombreux pathogènes du sol, les moyens de lutte sont limités et consistent essentiellement en une mise en quarantaine plus ou moins longue des foyers élargis. La recherche internationale n’est pas très active sur cette maladie, compliquée à étudier. Les moyens de lutte, qui ne sont pas spécifiques à la seule culture bananière, sont et resteront très limités. L’amélioration génétique conventionnelle reste une voie importante encore peu explorée.
La prise de conscience internationale de l’importance du respect des règles de mouvement du matériel végétal et la large adoption par l’agro-industrie bananière des vitroplants devraient limiter les risques actuels. La dispersion de la race T4 reste sous surveillance. Sous des conditions de contrôle strict des mouvements de matériel végétal, de surveillance et d’éradication des plantes atteintes, le scénario d’une dissémination rapide de la maladie est peu probable.